Par: a.e.k . B
Cette édition oranaise des Jeux méditerranéens sera une date repère dans la marche de la femme algérienne vers la conquête d’un statut de citoyen majeur dans l’Algérie nouvelle en construction.
Pourtant, nul ne donnait cher des chances de ces sportives dans ces jeux. On leur concédait tout juste des bouts des lèvres un laconique, « El mouhim el moucharaka ( l’essentiel est là participation ndlr). Mais elles ont fait mieux, elles ont bousculé des tabous, des certitudes de certains esprits qui emprisonnaient la femme dans le carcan réducteur d’obscures traditions véhiculées par des courants rétrogrades. Ces femmes, dignes héritière de la Kahina, de Lalla Fatma Nsoumer, de Hassiba Ben Bouali, ont montré qu’il faudra compter avec elles à l’avenir. Aragon disait bien que la femme est l’avenir de l’homme et nos boxeuses semblent nous le rappeler. Imane Khelif, Boualem Roumaïssa, et Hadjila Khelif, se sont parées d’or. Elles ont gravi la plus haute marche du podium à la force de leurs coups de poing. Elles ont troqué, l’espace d’un combat, la grâce et la fragilité longtemps collée à la peau de la femme, contre la grinta et la hargne pour mater l’adversaire et avec lui bouter des millénaires d’incompréhension, de soumission et de faux tabous entretenus par un discours religieux obscure et réducteur. La femme n’est pas un objet, elle n’est pas une honte qu’on doit dissimuler derrière d’épais murs. La karatéka Cylia Ikene qui a montré la voie aux boxeuses a été accueillie triomphalement dans son village de Timzart à Freha dans la wilaya de Tizi ouzou. La population locale lui a réservé un accueil chaleureux à la mesure de son statut de championne méditerranéenne. Elle est devenue un symbole pour des
millions de ses sœurs, femmes algériennes, qui ont compris qu’elles ont un rôle à jouer dans l’Algérie nouvelle qui voit le jour à la faveur de ce 60 e anniversaire de l’indépendance. La femme algérienne qui a investi le perchoir a occupé de hautes responsabilités, a combattu pour la libération de la patrie a montré qu’elle sait se servir de ses poings, qu’elle sait donner libre cours à la force physique quand cela s’impose. Les femmes ont été la grande satisfaction sportive pour cette 19eme édition des jeux méditerranéens. Ichrak Chaibet(boxe) a décroché la médaille d’argent. La lanceuse de marteau Zouina Bouzebra, la boxeuse Fatma-Zohra Abdelkader Hedjala et la judokate Amina Belkadi, ont décroché pour leur part des médailles de bronze. On ne peut que saluer ces exploits qui nous rappellent que la femme algérienne sait se montrer digne de confiance quand elle est respectée, aimée et surtout couvée. Avant ces femmes courage qui ont honoré le sport national, il y avait Sakina Boutamine, Hassiba Boulmerka, Nouria, Benida Merah, Salima Souakri, Linda Makziz et Soraya Haddad qui s’étaient illustrées dans de grands tournois et qui ont inscrits leurs noms en lettres d’or dans le palmarès du sport national, mais ce qu’ont réalisé les sportives, cuvée 2022, est un événement qui fera date aussi bien dans le combat de la femme pour accéder à un statut de citoyen majeur et dans le mouvement sportif national. L’exploit de ces femmes sportives a failli nous faire oublier que les jeux méditerranéens tirent à leur fin et que la ville a vécu samedi, l’épreuve de cyclisme sur route (Hammam Bouhadjar-Oran) hommes et femmes et que les places publiques et les espaces verts ont connu une ambiance festive particulière.