Dans un entretien avec le journal « La Concorde » avec l’inspecteur général auprès du ministère de la Pêche, Farid Harouadi en marge du salon international de la pêche et de l’aquaculture qui s’est tenu à Oran est revenu dans cette première partie sur les ambitions du ministère de la Pêche et des produtions Halieutiques pour le développement de la production aquacole en Algérie
La Concorde : Le recul des ressources halieutiques en Algérie et d’autres pays en Méditerranée suscite des préoccupations croissantes. La surpêche et les changements climatiques contribuent à cette diminution alarmante. Les stocks de poissons sont gravement affectés, le secteur a-t-il entrepris des mesures de gestion durable pour inverser cette tendance ?
Farid Harouadi : Concernant votre question sur l’état de la ressource en Algérie, la ressource halieutique, et notamment de la pêche, nous avons fait une étude menée sur plus que deux mois de travail avec des experts, avec des chercheurs, avec les cadres centraux, les cadres au niveau local pour arrêter ce qu’on appelle l’état véridique du stock a travers un indicateur qui est la production annuelle. Lors de notre analyse, on a pris les statistiques des des dernières dix années. 2013-2022, on a trouvé que la moyenne est de 100.000 tonnes. Pour avoir une idée beaucoup plus profonde, nous sommes allés Jusqu’à 2000 soit 13 ans en arrière. On a trouvé la même chose. On est allé plus loin encore aux années 90. C’est-à-dire que nous avons pris les statistiques de la production depuis 1990 jusqu’à 2022. Et on a trouvé la même moyenne sur chaque dix ans. Donc c’est une moyenne de 100 000 tonnes. L’année où on a trouvé un pic, c’était 1994 avec 147 000 tonnes. Donc la moyenne sur 30 ans, c’est 100 000 tonnes. Ensuite ont s’est poser la question est-ce qu’il y avait des mesures avant pour augmenter la production, nous avons trouvé, oui, dans les années 2000, dans les plans de relance, il y avait ce qu’on appelle les nouvelles injections. C’est-à-dire renforcer le nombre de navires pour augmenter la production. Les pouvoirs publics à l’époque ont opté pour ça. Donc subventionner, donner de l’aide aux gens pour qu’ils achètent des bateaux. Le nombre de navires dans les années 2000 était 2500 navires, en 2022, avec 6 nouvelles injections, sur 20 ans, on se retrouve avec 6200 navires. D’accord, mais il y a quelque chose qui cloche. C’est-à-dire que nous avons plus que doublé le nombre de navires, mais la production est toujours à 100 000 tonnes.
La Concorde : Après les résultats de cette étude, vous avez réalisé une évaluation des ressources halieutiques ?
Farid Harouadi : Pour arrêter la nouvelle vision stratégique pour 2024-2030. Nous avons fait deux mois d’analyse et d’études. Nous sommes orienté vers la recherche scientifique. C’est l’évaluation de la ressource. Nous avons étudié les expériences d’évaluation de la ressource. C’est-à-dire combien le stock biologique dans les régions côtières de l’Algérie, zone par zone. On a fait des opérations d’évaluation avec les bateaux scientifiques. Il y avait le Thalassa en 1982 dans le cadre de la coopération algéro-française. Il y avait aussi l’opération algéro-espagnole 2004-2006 avec le navire Visconde. Et il y avait aussi les compagnies nationales avec le bateau Grine Belkacem. Le bateau scientifique de 40 mètres qui est un bateau avec les chercheurs algériens. Nous avons sur dix années fait l’évaluation du stock. Et les résultats au maximum sur les trois bateaux de recherche scientifique on retrouve le maximum, c’est 180.000 tonnes de stock. Donc si on pêche 100 000 tonnes annuellement, c’est-à-dire qu’on pêche au moins du stock à peu près 70 %.
La Concorde : La régénération des ressources halieutiques est cruciale pour assurer la durabilité des écosystèmes marins et la sécurité alimentaire. Cela implique la mise en place de pratiques de pêche durables et la gestion efficace des stocks de poissons. Qu’elle est la vision future du ministère de la pêche dans ce volet ?
Farid Harouadi : La régénération est un critère important, puisque nos pêcheurs, nos professionnels, ils savent ça. Parce que si vous exploitez 100.000 ou 80.000 tonnes par an, il y a un problème. Ca peut arriver à l’effondrement du stock. C’est-à-dire que par exemple maintenant dans plusieurs pays méditerranéens, en France, en Espagne, il y a des zones où le stock est effondré. Il ferme la pêche et puis ils essayent de régénérer. Maintenant, il lance le peuplement des zones. C’est ce qu’ils font dans plusieurs zones. Des aires marines protégées par exemple et des récifs artificiels. En Algérie, 90% de la pêche est côtière.
La Concorde : Quelle est la solution qui a été optée pour le plan 2024-2030 pour l’augmentation de la production ?
Farid Harouadi : Nous avons pris nos références. C’est les engagements du président de la République pour l’augmentation de la pêche côtière et l’aquaculture qui demeure un créneau très prometteur. Nous avons arrêté un programme. Une vision stratégique avec un plan opérationnel annuel. Nous avons commencé par renforcer la grande pêche pour aller pêcher dans les nouvelles zones au large, dans les zones internationales, ou bien les zones dans d’autres pays, par exemple, on a un accord avec la Mauritanie. Nous avons mis un dispositif pour renforcer la flottille. Donc, il n’y a pas d’injection dans la zone côtière. Il est à signaler que le président de la République Abdelmajid Tebboune a donné un soutien important aussi. Avec plusieurs mesures incitatives durant cette année. L’importation de navires d’occasion (de moins de 5 ans) adaptés à la pêche à grande échelle de plus de 40 mètres de long a été autorisée, ainsi que l’importation des moteurs de navires remis à neuf de moins de 5 ans a été également autorisée, ce qui augmentera la rentabilité des navires et améliorera la production nationale. Lorsqu’on a travaillé avec les professionnels, ils souffrent de ça. Les moteurs sont très chers. Ce qui a offert un grand espoir pour les investisseurs dans le secteur de la pêche. Un autre volet est celui du renforcement de la construction navale nationale qui arrive actuellement a des embarcations de 37 mètres. On a commencé par un test en 2023 avec 10 navires. La pêche côtière vers le nord de la Tunisie et le sud de Malte. Nous avons réalisé 1000 tonnes supplémentaires. Durant cette annèe, on va renforce encore davantage. Dans ce nouveau dispositif, il y a aussi les thoniers qui peuvent, avec un aménagement pêché au large. C’est des grands navires qui peuvent pêcher pour une durée de 15 à 20 jours.
Belmadani Mohamed Hamza